Cet article a pour but de vous présenter ce lieu innovant, au cœur du Technicentre Industriel d’Hellemmes et de vous partager nos impressions sur cette journée du 21 novembre 2019. La SNCF possède 10 sites similaires, et son schéma directeur prévoit une vague de modernisation importante pour chacun de ses sites.
Le 574 industriel d’Hellemmes est l’un des accélérateurs de la transformation digitale industrielle du Matériel.
La démonstration par l’exemple d’une stratégie numérique appliquée aux industries
Présentation du site, riche en histoire et en innovation 4.0 par Olivier Vlamynck, directeur du projet 574
574 est un clin d’œil au record du monde de vitesse sur rail, réalisé en 2007 par la SNCF (574,8km/h exactement). Il s’agit de « maisons du digital » du groupe SNCF. Il en existe actuellement 5, à Saint-Denis, Toulouse, Nantes, Lyon et donc Hellemmes (depuis mai 2018).
Des Chiffres et des Valeurs
Avec un budget de 950 millions d’euros consacré à la transformation numérique depuis 2015, la SNCF est consciente des nouveaux enjeux de la digitalisation. L’investissement dans la création du 574 Hellemmes est le fruit de cette volonté de transformer la mobilité grâce à l’innovation et au digital.
Le 574 Hellemmes évolue un sein du Technicentre Industriel de cette même ville, spécialisé dans les rénovations, l’entretien et la modernisation des rames TGV et Trans-Manche.
La durée de vie d’un TGV aujourd’hui est de 40 ans, durant lesquels il va effectuer près de 15 millions de kilomètres ! Cette distance, il va la parcourir sur des rames ayant la même durée de vie et qui tous les 20 ans (à « mi-vie ») doivent être rénovées de fond en comble.Avec une flotte de plus de 500 TGV évoluant sur 30 000 km de rames, les activités de maintenance, d’entretien, de rénovation et d’amélioration sont faramineuses.
Créé en 1873, le Technicentre Industriel d’Hellemmes a fêté ses 145 ans en 2018, année de la rénovation complète de l’établissement.
Plus de 27 000 pièces sont réparées chaque année par 1 000 collaborateurs répartis en 20 corps de métiers. Le Technicentre réalise 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, pour 800 000 heures de travail.
La révolution digitale industrielle va amener la révolution à la SNCF et des améliorations considérables.
P. Jeanet, PDG de SNCF Réseau.
Des ambitions et des projets
Les ambitions de la SNCF sont fortes et se traduisent autour d’un projet : le programme Usine du futur.
Ce programme qui nous a été présenté lors de la visite, est construit autour de 3 grandes ambitions :
Améliorer la performance du groupe
Cela passe par des gains de productivité mais aussi de qualité de service, des investissements ciblés sur l’IO (Installation Outillage) et la réduction de la consommation d’énergie.
Transformer les Technicentres Industriels (TI)
Des TI « flexibles et polyvalents » organisés autour d’une production ordonnancée et du suivi en temps réel de l’état d’avancement des tâches. Des TI équipés d’installations disponibles et performantes permettant d’avoir « la bonne pièce au bon endroit et au bon moment », de réduire la pénibilité du travail et de développer de nouvelles compétences.
Rendre les agents plus autonomes
Responsabiliser et impliquer les agents dans l’amélioration de la performance des TI grâce à un nouvel outil de travail adapté à chaque utilisateur. Un outil de travail intuitif, permettant d’avoir les bonnes informations au bon moment afin de prendre les bonnes décisions.
Ces ambitions du projet Usine du futur serviront de soutien aux objectifs de la SNCF qui sont notamment la réduction des pannes et l’amélioration de la régularité des trains (et donc de la satisfaction des usagers).
Afin de répondre à ces ambitions de manière efficiente, la SNCF fait le pari du digital au travers par exemple de 5 types de thématiques de projets digitaux lancés sur le 574 :
La création d’un incubateur d’idées digitales.
- L’IoT (Internet of Things / Internet des objets) au travers le développement du télédiagnostic des rames et des installations par exemple. L’objectif serait de ramener les coûts de maintenance au plus bas mais aussi d’améliorer l’expérience voyageurs.
- Le Big data avec la maintenance prédictive qui se base sur les données détenues par la SNCF (quelques 4 millions de données journalières) pour prévoir de manière fiable (et donc anticiper) les opérations de maintenance du matériel.
- La réalité augmentée permettant l’assistance au dépannage.
- L’Intelligence Artificielle au travers l’analyse des retours d’expérience, le déploiement d’agents conversationnels pour la formation ou l’assistance dépannage.
En route vers l’Usine du futur !
vous déRécompensé par l’Alliance Industrie du Futur en 2018, l’obtention du label “Vitrine Industrie du Futur” est attribué aux sociétés ayant développé concrètement un projet novateur.
…mettant en œuvre une fourniture de solutions technologiques ou méthodologiques d’origine majoritairement française
La création du socle logiciel initial
Démarré dans les années 2000, cette phase a vu le déploiement de plusieurs solutions logicielles ERP, GMAO.
La création du socle industriel intégré (matériel et logiciel)
Entre 2015 et 2020, le but est notamment de standardiser les processus entre les technicentres, de maîtriser à tout moment les données associées aux pièces ou encore d’optimiser la gestion des flux de pièces sur site. Et tout cela en limitant les éditions papiers et la prolifération de fichiers Excel.
Avoir la pièce au bon endroit au bon moment…
L’extension du socle
Le but recherché est l’automatisation partielle de la production, des déplacements, du stockage, de la planification et de la prise de décision. Pour cela, les technicentres vont s’appuyer notamment sur le Big data, l’IA (intelligence artificielle) et la géolocalisation.
Mais l’ambition ne s’arrête pas là, puisque le projet a pour but de constituer un jumeau numérique de l’ensemble du réseau ferré !
Si vous êtes intéressé par le sujet du jumeau numérique, un article détaillé (le lien est ici) vous explique pourquoi c’est un objectif stratégique dans le cadre de l’industrie 4.0.
Ce jumeau numérique est une des parties de l’avenir du réseau […] on passera alors d’une logique de signalisation physique à une logique de signalisation numérique qui s’adresse directement aux trains.
C.Solar (DG délégué Sécurité, Innovation et Performance industrielle de la SNCF)
Le plus gros du travail n’est pas la partie équipements mais bel et bien la standardisation des processus site par site, car chaque site possède son fonctionnement propre. La SNCF a choisi d’embarquer dès le début l’intégralité de ses sites dès le début de l’étude. Choix plus complexe lors de la phase de démarrage, mais qui portera ses fruits en termes de vitesse de déploiement du programme.
Visite du Fablab et de l’Atelier 57
Le Fablab, présenté par son responsable Florent Valenti
A l’image du 574, le Fablab bouillonne d’idées innovantes : systèmes d’écrans à intégrer en gare, matériel roulant, pico-projection, wifi on board…
De plus, un travail conséquent est fait autour de l’intégration de toute la flotte : près de 4 millions de données par jour à exploiter ! Grâce à l’analyse de toutes ces données, le Fablab peut proposer des solutions pour la maintenance prédictive, en exploitant notamment l’Intelligence Artificielle.
Le but de la maintenance prédictive est d’analyser le comportement des TGV en temps réel et de proposer aux centres des interventions préventives (appelées “télédiagnostic”), afin d’anticiper la défaillance en circulation.
Les solutions techniques actuelles ne sont pas adaptées à l’environnement industriel ferroviaire (vibrations…) et aux respects de ses normes (feu, fumée…), la SNCF a donc développé ses propres équipements sans fil avec le protocole LoRa pour éviter les problèmes de connexion lorsque le matériel est roulant. 7500 équipements sont déployés à ce jour et ce chiffre sera multiplié par 3 ou 4 dans les 3 ans à venir.
L’Atelier 57
Il s’agit d’un bâtiment de production de 27 000 m², conçu sur mesure pour le projet “Usine du futur”. Ce bâtiment promet des conditions de travail optimales pour les équipes ainsi que des énergies positives (6 800 m² de panneaux solaires et récupération des eaux de pluie). Aucun rail ni fosse de visite mais une dalle plate sur tout le bâtiment afin de faciliter les déplacements des trains grâce à des “movers”.
Il s’agit de systèmes électriques radio-commandés permettant de déplacer les caisses mais aussi des éléments de 55 mètres de long. Les movers permettent d’améliorer considérablement l’ergonomie générale du site.
Afin de faire évoluer rapidement le bâtiment aux contraintes de la maintenance, ces systèmes permettent de changer la configuration du site tous les 3 jours, pour exploiter tout le potentiel du management visuel.
Conclusion sur la vitrine industrie du futur de la SNCF
Le site 574 est la représentation d’une Usine du futur où le digital prête main forte aux hommes et aux machines. L’innovation est placée au centre de la stratégie, pour une collaboration augmentée, des processus métiers étudiés et une maintenance prédictive qui aboutiront à une satisfaction améliorée des usagers.
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